La Vierge à l'arbre sec de Petrus Christus

La Vierge à l'Arbre sec

Médaille portée par les membres de la Confrérie
Médaille portée par les membres de la Confrérie

 

Le peintre

Né entre 1410 et 1420 vraisemblablement à Baarle, près d’Anvers , Petrus Christus acquiert le statut de bourgeois de la ville de Bruges vers 1444. Même s’il n’existe pas de preuve qu’ il fut employé dans l’atelier de VanEyck, il ne fait aucun doute qu’il a subi son influence.

Il épouse une certaine Glaudicine et tous deux deviennent membres  de la prestigieuse confrérie religieuse Notre Dame de l’Arbre Sec,, dédiée à la Vierge,  qui a une fonction sociale orientée vers la charité. Cette riche confrérie rassemblait toute la haute société de Bruges et les Ducs de Bourgogne en étaient membres d’honneur.

De nombreux documents mentionnent également Petrus Christus comme porte-parole de la Guilde des peintres de Bruges ce qui témoigne de sa notoriété en tant qu ’artiste.

 

Il s’éteint à Bruges fin 1475 ou début 1476.

Médaille portée par les membres de la Confrérie
Médaille portée par les membres de la Confrérie

Philippe le Bon portant le Collier de la Toison d'Or , Rogier van der Weyden vers 1450 Musée des Beaux Arts de Dijon
Philippe le Bon portant le Collier de la Toison d'Or , Rogier van der Weyden vers 1450 Musée des Beaux Arts de Dijon

La Vierge à l’arbre sec

Selon la légende, la Vierge Marie et l’Enfant Jésus seraient apparus à Philippe le Bon, duc de Bourgogne (1396-1467), sur le tronc d’un arbre sec avant une bataille contre les Français. En cette fin de Guerre de Cent Ans, Philippe le Bon s’est en effet allié aux Anglais pour venger l’assassinat de son père, Jean Sans Peur.

Il aurait prié pour la victoire devant l’arbre mort et celle-ci lui aurait été ensuite accordée. La Confrérie Notre Dame de l’Arbre sec aurait été instituée en remerciement à la Vierge et pour la commémoration de cette victoire.

Une autre source fait état d’un texte de 1330 « Le pèlerinage de l’Ame « du poète français Guillaume de Digullevile (1295-après 1358) où la même idée est exprimée métaphoriquement et dont Petrus Christus peut avoir eu connaissance.

 

Il est probable que le tableau ait été commandé par un membre de la Confrérie à des fins de dévotions ou que le peintre l’ait fait pour lui-même. 

 Cette petite huile sur bois de 17,4 cm sur 12,4 cm, non signée a été réalisée en 1462 . Retrouvé dans une collection privée en Belgique au début du XXe, le tableau est attribué à Petrus Christus en 1919 par Grete Ring . Il est exposé au Musée Thyssen-Bornemisza à Madrid.

Sur fond noir, la Vierge à l’Enfant apparait en pleine lumière. Sertie de branches sèches, elle apparait resplendissante dans un manteau rouge relevé d’une doublure verte tel un bouton de rose dans un arbre mort. Les femmes de la confrérie accueillaient d’ailleurs chaque année les nouveaux membres en les aspergeant de quelques gouttes d’eau de rose qui est un symbole marial.

 L’enfant semble en apesanteur dans les bras qui ne font que l’effleurer. La main de Vierge ne touche pas le pied de l’Enfant dans un mouvement volontairement interrompu par le peintre.

La Vierge, au front altier arbore un visage juvénile. Elle n’est que peu représentative de la figure maternelle . Tout semble se jouer ailleurs…

Le rôle rédempteur de l’Enfant est indiqué par le globe surmonté de la croix qu’il tient dans sa main gauche. Les branches sèches entrelacées forment une couronne d’épines, référence claire à son sacrifice et à sa Passion. Le tronc de l’arbre évoque la croix.

Ce tableau illustre le verset du Prophète Ezéchiel (17.24)

 

"Et tous les arbres des champs sauront que moi, l'éternel, j'ai abaissé l'arbre qui s'élevait et élevé l'arbre qui s'abaissait, que j'ai desséché l'arbre vert et fait verdir l'arbre sec; Moi, l'éternel , j'ai parlé et j'agirai".

L'Arbre sec rappelle l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal qui, desséché après le péché originel et la chute de l'humanité doit refleurir à la naissance du Christ.

Marie rend la vie à l'arbre mort. Les quinze lettres A d'or suspendues aux branches sèches symbolisent la première lettre des  paroles de l'Archange Gabriel "Ave Maria" . Cette prière à la nouvelle Eve renverse la cause de la damnation des hommes : Eva devient Ave. Le nombre quinze est quant à lui lié à la manière de réciter le chapelet.

Ce petit tableau intrigue par son incroyable modernité . Incarnation, mort et salut  dans une même mise en scène .