Les blasons japonais

 

Le terme  « mon » () faisant référence à l’ensemble des symboles , on lui préfère les termes  « mondokoro » (紋所) ou  « kamon » (家紋) qui se rapportent spécifiquement aux armoiries familiales ou claniques.

Les plus anciens apparaissent dès le VIIIe (période Nara ) ornant vêtements , palanquins et possessions impériales. Les premiers motifs ,d’anciens symboles chinois de la dynastie des Tang , n’ont aucune valeur militaire.

Dés le Xe de violents conflits opposent les grands propriétaires terriens pour la gouvernance du pays . L’ ajout d’objets peints sur les bannières (appelés meubles en héraldique) s’impose pour permettre l’identification des familles sur les champs de bataille. L ’expansion des branches familiales participe également de ce développement dans la mesure où seul l'aîné conserve les armoiries d’origine de son père.

Aux XIIe et XIIIe siècles les guerres ,dont les Invasions Mongoles, conduisent à une diversification des kamon .

Rapidement les couches sociales les plus modestes mais également les temples , les commerçants ou les organisations criminelles se dotent d’un « mon » .

Généralement monochromes , les mon se composent fréquemment d’un cercle dans lequel s’inscrit une représentation stylisée et souvent symétrique d’un végétal (les plus nombreux), d’un animal , d’un symbole géométrique ou religieux ou d’un kanji (idéogrammes d’origine chinoise) 

Durant le XIVe les kamon s’invitent sur les armures , les casques , les tentes et les éventails de guerre . Ces derniers sont à la fois de redoutables armes mais également de défense lorsqu ’il s’agit de parer les flèches et autres armes de jet.

 

 

Evantail de combat
Evantail de combat

Les sceaux impériaux :

Parmi les plus connus citons le sceau impérial du Japon également appelé sceau du chrysanthème. Utilisé depuis l’époque de Kamakura (XIIe-XIVe) il en existe trois variantes :

 

-    -   A seize pétales doubles , à l’usage exclusif de l’empereur 

kamon à quatorze pétales doubles
kamon à quatorze pétales doubles

-       -  A seize pétales simples (passeports)

 

 

-       -  A quatorze pétales doubles , à l’usage de la famille impériale

 

 

 

 

 

 

Depuis le règne de Go-Daigo au XIVe siècle , les feuilles de paulownia constituent un emblème destiné à honorer les personnages méritants ;ce qui est toujours vrai de nos jours comme en témoigne l’emblème officiel du cabinet du premier ministre japonais ci-dessous.


Deux grues sur un pin enneigé . Estampe d'Hokusaï
Deux grues sur un pin enneigé . Estampe d'Hokusaï

 

 

La grue (« Tsuru ») oiseau symbole du Japon

 Dans la tradition chinoise , la grue céleste taoïste symbolise la longévité, elle pourrait vivre plus de 1000 ans. Elle est surnommée « grue des immortels « transportant sur son dos les êtres immuables.

 Oiseau migrateur , elle annonce le retour des beaux jours symbole des cycles de la vie.

Le sommet rouge cinabre de sa tête symbolise le pur yang : l’élixir de longue vie en alchimie taoïste et fait écho au disque solaire du drapeau japonais dont elle est d’ailleurs considérée 

Par Mukai — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8313849
Par Mukai — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8313849

                    

La grue apparaît sur de nombreux « kamon » comme celui du clan Nanbu (南部氏)  , célèbre clan de samouraï 700 ans sur le nord du Japon.qui régna pendant près de La légende rapporte qu’après avoir vaincu le clan Akita deux grues se seraient posées sur le campement de ces derniers . Les Nanbu adoptèrent alors cet emblème qui commémorait leur victoire.

 

 

 

Pour clore ce bref aperçu de l’importance de la grue dans la symbolique japonaise , je vous propose un conte traditionnel (réinterprétation personnelle)

 

Tsuru no Ongaeshi  鶴の恩返し( Le retour de faveur de la grue »)

Une grue fut un jour abattue par des chasseurs . Un homme trouva l’oiseau blessé et le soigna.

 Quelque temps plus tard ,au beau milieu de la nuit , l’homme entendit frapper à sa porte . Il ouvrit et quelle ne fut sa surprise quand il vit apparaître une jeune femme qui prétendit être sienne. C’est avec grand désarroi qu’il lui avoua ne pouvoir subvenir à leurs besoins.

Mais celle-ci le rassura lui montrant un sac dont elle sortit une poignée de riz. Aussitôt le sac se remplit de nouveau et plus on puisait de ce sac plus il s’emplissait .

Le lendemain , elle s’enferma dans une pièce de la sombre masure et fit promettre à l’homme de ne point entrer avant qu’elle n’ait fini sa tâche . Sept jours s’écoulèrent avant que la porte ne s’entrouvrît . La jeune femme était fort pâle et faible mais elle tenait entre ses doigts de jade un somptueux kimono de soie .  Elle le remit à l’homme pour qu’il en fasse commerce au marché de la ville voisine . Il en fit bon usage et le couple s’en trouva bien aise.

Quelque temps plus tard , l’argent vint à manquer et la jeune femme s’isola de nouveau faisant promettre à son époux de ne chercher en aucun cas à percer son secret . Mais la curiosité de l’homme eut raison de sa patiente et il regarda à travers le huis .Bien mal lui en coûta…

 

La jeune femme et la grue ne faisaient qu’une. L’homme n’ayant pas tenu parole , la grue s’envola pour ne plus jamais revenir , laissant l’homme à son chagrin et à sa misère.